Pour le maintien de la Station Gérard-Morisset dans le projet de tramway de Québec

La Ville de Québec se dotera bientôt d'un réseau de transport en commun hautement modernisé et en phase avec les impératifs critiques et largement convenus du développement durable qu'il s'agisse de changements climatiques, de dépendance aux carburants fossiles ou de qualité de l'air. À ces titres, il s'agit d'un progrès vital, aussi remarquable que nécessaire et il faut en féliciter ses initiateurs et promoteurs.

Un volet majeur de ce projet est le tramway qui remplacera sur le boulevard René-Lévesque le service de Métrobus. Le quartier Saint-Sacrement est desservi depuis plus de 25 ans par ce service, notamment via quatre stations à sa limite sud définie par le boulevard René-Lévesque. Le nouveau projet de réseau structurant abolira l'une de celles-ci, la Station Gérard-Morisset, une des plus achalandées du quartier, au profit d'une nouvelle, la Station Maguire, significativement plus éloignée de celle qu'elle remplacera. Cette décision n'est pas acceptable pour plusieurs raisons, les plus importantes relevant d'enjeux de qualité de vie majeurs pour une clientèle captive et fragilisée par l'âge.

EN CONSÉQUENCE, PAR CETTE PÉTITION, NOUS SOUSSIGNÉS DEMANDONS LE MAINTIEN ET LA TRANSFORMATION DE LA STATION GÉRARD-MORISSET DANS LE CADRE DU PROJET DE RÉSEAU STRUCTURANT DE LA VILLE DE QUÉBEC.

Notre requête s'étaye plus précisément sur les raisons suivantes :

• La suppression de la Station Gérard-Morisset rendra beaucoup plus difficile et dans plusieurs cas impossible l'accès à la Station Maguire aux plus de 370 résidents de La Champenoise, CHSLD et résidence pour personnes retraitées autonomes et semi-autonomes, notamment en hiver.

• Les résidents de la Champenoise constituent une clientèle littéralement captive et dépendante du réseau de transport en commun. Les 325 mètres qui les sépareraient d'une éventuelle Station Maguire seraient pour plusieurs infranchissables et les relègueraient au transport adapté, un mode de transport plus coûteux et logistiquement plus complexe à utiliser. Ultimement, c'est la société entière qui assumerait en tout ou en partie ces frais.

• Les conditions hivernales amplifieraient ce problème, et ce, en particulier du fait que le déneigement et le déglaçage des trottoirs est souvent lacunaire dans ce secteur.

• L'abolition de la Station Gérard-Morisset est de facto un enjeu de qualité de vie important pour cette clientèle à la mobilité moindre, à faible revenu, et sans autre moyen de transport. Les résidents ont déjà signé une pétition en propre et l'ont soumise à M. Yvon Bussières, conseiller municipal, qui l'a déposée au Conseil de ville. La présente pétition vient appuyer et élargir la portée de cette démarche à l'ensemble des usagers de la Station Gérard-Morisset.

• La Station Gérard-Morisset est située directement sur un axe nord-sud sur lesquels on retrouve l'école L'Excellence, le CHSLD et résidence La Champenoise, le Collège Stanislas et le cégep Garneau. De surcroît, il y a dans un rayon de deux cent mètres passablement de densité résidentielle comme en fait foi l'achalandage de la station. Une vision qui se limite à la "boucle" de la rue Gérard-Morisset comme on a pu l'entendre n'est donc pas juste.

• La présence de la Station Gérard-Morisset a justifié pour plusieurs résidents le choix de leurs domiciles actuels. Elle existait avant la mise en service des Métrobus au début des années 90. Il en va de même pour beaucoup des résidents de La Champenoise pour qui la proximité du transport en commun a été un facteur déterminant dans leur choix de cette résidence. On parle ici de l'existence de longue date d'un point d'accès au transport en commun et d'un effet d'attraction au long cours, voire d'un effet structurant avant qu'on n'en fasse le thème prépondérant de la nouvelle initiative.

• L'intégration de la Station Gérard-Morisset dans son voisinage s'est bonifiée au fil des ans. Des liens piétonniers relient le Chemin Gomin et l'avenue du Parc-De-la-Chesnaye du côté sud. Du côté nord, la rue Vimy donne accès au Parc Notre-Dame-de-Bellevue et à la rue Gérard-Morisset pour finalement, via un lien piétonnier en droite ligne, accéder à la station. Le Parc Notre-Dame-de-Bellevue est aussi traversé par une piste cyclable et donne accès à l'est par un passage piétonnier et cyclable à la rue Eymard. L'ensemble est organique en ce qu'il s'est dessiné à l'usage et il est efficace.

• On explique la suppression de la Station Gérard-Morisset et la création de la Station Maguire par le "potentiel d'interconnexion" de cette dernière alors qu'elle pourrait s'interfacer directement avec le parcours 16. Dans une logique hautement spéculative, on laisse entendre que la nouvelle station déclasserait la Station Gérard-Morisset par des chiffres beaucoup plus élevés d'achalandage. Or, ce "potentiel d'interconnexion" existe depuis des années alors que se croisent à cette hauteur le parcours 16 et le Métrobus, et jamais le RTC n'a signifié vouloir créer là une station de Métrobus Maguire qui supplanterait la Station Gérard-Morisset, et ce, bien avant qu'il ne soit question de tramway. Nous sommes ici en présence d'une épiphanie technocratique dont on peut douter sérieusement des promesses.

• Ce parcours à fréquence horaire ne voit pas monter ou descendre des nombres significatifs de passagers à sa station la plus près de René-Lévesque. On peut justement croire qu'à l'horizon de la mise en service du tramway, cet état de fait risque d'avoir peu changé et que l'on retrouvera à la nouvelle station Maguire les gens qui préféreraient monter ou descendre à la Station Gérard-Morisset parce qu'elle est généralement plus près et qu'ils voyagent très majoritairement dans l'axe René-Lévesque.

• La Station Gérard-Morisset, intégrée au quartier et à la vie de ses usagers, est entourée d'habitations (dont plusieurs à haute densité) et à proximité d'institutions d'enseignement et de la résidence pour personnes âgées et CHSLD La Champenoise. Mettant en œuvre une "fausse bonne idée", on l'abolirait pour créer une station qui serait essentiellement loin de tout le monde, sise qu'elle serait aux abords du Parc Anet-Gomin, pratiquement désert en permanence et lui-même étalé devant un funérarium, ainsi qu'à proximité d'un seul bâtiment résidentiel qui a pour voisinage deux cimetières de de part et d'autre de René-Lévesque. Il faut espérer une soudaine et importante affluence créée par le parcours 16 sur l'axe Maguire pour voir dans la nouvelle station une amélioration, voire une "optimisation".
  

• En l'état, la Station Gérard-Morisset est pratiquement équidistante des Stations Holland et Myrand, respectivement à 670 et 710 m. La Station Maguire se trouverait à 900 m de la Station Holland et à seulement 480m de la Station Myrand, créant ainsi un paradoxal amoindrissement de service là où plus d'usagers vivent, certains très dépendants du transport en commun, et une bonification de ce même service au travers d'espaces inhabités ou de densité moindre.

• On a aussi évoqué une meilleure desserte du Cégep Garneau. À environ 850 ou 900 m de distance de l'éventuelle  Station Maguire ou de la Station à être abolie Gérard-Morisset, cet argument apparaît singulièrement faible, à plus forte raison du fait que le cégep est déjà desservi par plusieurs parcours dont le Métrobus 807 sur le chemin Ste-Foy. Ce niveau de service par autobus et Métrobus ne devrait pas changer significativement à l'avènement d'un tramway sur René-Lévesque.

• Une logique similaire vaut pour la portion commerciale de la rue Maguire dont le nom de la station à être créée laisse entendre qu'elle est clairement un objectif de desserte. Ce segment de la rue Maguire est à 610 m de René-Lévesque et il est déjà bien desservi par les parcours 25, 125, 11 et 16 à ses extrémités du Chemin St-Louis et de la rue Sheppard. On peut croire aisément qu'au risque de le diminuer et à la lumière de sa longévité, ce niveau de service risque peu d’être altéré de manière significative par le tramway à venir. Incidemment, l'apport du parcours 16 à l’achalandage de la Station Maguire sur René-Lévesque est discutable.

 Il importe de garder les humains au centre de ce projet et de faire que celui-ci ne diminue pas leur qualité de vie ou leur adhésion au transport en commun. À cet égard, la portée d'une décision en apparence mineure est beaucoup plus grande qu'on l'imagine.

IL FAUT MAINTENIR LA STATION GÉRARD-MORISSET.