Karel de Gucht, commissaire européen au commerce, UE: NE PAS signer le TTIP, Traité de libre-échange UE et USA
Les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l’Europe bénéficient déjà depuis longtemps de très faibles barrières douanières (rarement plus de 3%). Ce n’est donc pas aux barrières tarifaires que s’attaque le TTIP mais aux protections légales, celles que l’Europe s’est construites pour protéger son marché de produits toxiques notamment. Depuis des décennies, les Européens se sont créés un marché notamment alimentaire répondant à des normes sanitaires très strictes réduisant le plus possible les OGM, les hormones, les produits chimiques en tout genre… normes que nous nous appliquons à nous-mêmes… et bien sûr aux produits d’importation. C’est grâce à cette normalisation que les Européens bénéficient de l’alimentation la plus contrôlée et la plus saine de la planète, que ces normes s’imposent au reste du monde, qu’elles tirent donc vers le haut pour le plus grand profit des consommateurs du monde entier, et que l’Europe s’est construite l’image justifiée d’un producteur de produits alimentaires de grande qualité s’exportant donc facilement. L’objectif du TTIP est donc simple: abaisser le niveau de normalisation pour le rendre compatible avec celui des Etats-Unis… La conséquence de cette dérégulation sera de rendre les produits US accessibles à notre marchés, des produits inévitablement compétitifs en terme de prix compte tenu de leur moindre qualité, qui tireront à moyen terme vers le bas la qualité de la production alimentaire européenne et feront s’effondrer leur compétitivité qualitative…
Ce traité apparait clairement comme un outil au service des exportations américaines et ce il donnera un avantage juridique exorbitant aux entreprises sur les Etats en cas de litige… L’enjeu majeur du TTIP, c’est la préservation du dollar dans les échanges commerciaux et le maintien de l’Europe dans le giron US afin d’éviter que ne se constitue un bloc Euro-BRICS capable de faire contrepoids aux États-Unis. Pour les États-Unis, c’est en effet l’enjeu actuel : entraîner avec eux tout le camp occidental pour pouvoir continuer à dominer et à commercer avec suffisamment de pays. On assiste ainsi à une formidable opération de retournement d’opinions et de leaders en Europe afin d’assurer des gouvernants dociles et compréhensifs vis-à-vis du patron américain, soutenue par une blitzkrieg pour les lier définitivement avec le TTIP et pour les couper de ce qui pourrait être leur planche de salut, à savoir les BRICS, leurs immenses marchés, leurs dynamiques d’avenir, leur lien avec les pays en voie de développement, etc. Malheureusement les dirigeants européens les plus raisonnables sont complètement paralysés et la meilleure stratégie qu’ils soient encore capables de mettre en œuvre actuellement, dans le meilleur des cas, semble être une simple temporisation, certes utile et bienvenue mais guère suffisante… Politiquement l’Europe est donc étouffée par les États-Unis qui peuvent s’en donner à cœur joie en l’absence de tout leadership. Et le moyen de sceller définitivement cette mainmise américaine sur l’Europe s’appelle TTIP…
Le 15 mai, les plus grandes entreprises invitent nos décideurs (Karel de Gucht, Didier Reynders, Guy Verhofstadt, etc.) au palais d'Egmont pour le European Business Summit. Les organisateurs de cette grande messe du lobbyisme annoncent leur objectif: influencer les leaders européens à quelques jours des élections. Le partenariat transatlantique (TTIP) sera au centre des discussions. Négociant loin de tout débat démocratique, refusant de rencontrer ceux qui s'y opposent, Karel de Gucht ouvre grand ses oreilles pour le big business, qui voit en ce traité une occasion immanquable d'augmenter son pouvoir au sein de l'UE.
Ne les laissons pas faire, protégeons nos démocraties et profitons de l'occasion pour faire entendre nos voix citoyennes...