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Tunisiennes et Tunisiens : Pétition de soutien à la campagne anti-corruption
يسرى ف.
a lancé une pétition à destination de
Tunisiennes et Tunisiens
La Révolution tunisienne est advenue sous
le signe de la lutte contre la paupérisation et pour la dignité. Elle fut tout
autant un soulèvement contre la corruption ; à telle enseigne qu’on a pu
parler de révolution éthique. Certains vont jusqu’à expliquer la réussite
postrévolutionnaire de l’islam politique par l’aspiration des Tunisiens à la moralisation de la vie
publique.
Beaucoup d’eau est passé sous les ponts
depuis &colon des structures ad hoc ont été créées, de la Commission
Abdelfattah Omar à l’Instance Chawki Tabib… La litanie de la lutte implacable
contre la Corruption a été répétée ad nauseam par les gouvernements successifs…
Au point que le bon peuple a fini par haïr le leit motiv grandiloquent et
répétitif du combat anti&dashcorruption autant que la corruption elle&dashmême. Il suffit
pour s’en convaincre de parcourir les pages du net, les colonnes des journaux,
de suivre ce qui se fait et se dit au cinéma, au théâtre ou dans les textes de
jeunes chanteurs pour se rendre compte à quel point la croisade illusoire
contre la corruption est devenue un sujet d’amusement. Cette rigolade nationale
cache mal une grande amertume et un grand dépit à l’endroit des pouvoirs et de
leur incapacité à faire bouger les choses en matière de lutte contre le fléau.
Pire &colon ministres, parlementaires et grands commis, leaders de partis,
associatifs et syndicalistes, tous ceux qui ont un quelconque lien avec le
monde politique sont suspectés d’avoir
trempé peu ou prou dans les différentes affaires.
Cet échec retentissant et toujours
recommencé de la guerre contre la corruption contraste avec les réussites sur
le front antiterroriste. Mais les gens savent que tant que la corruption continuera
à gangréner le pays rien n’est définitivement acquis. Rien n’est gagné tant que
ce mal continuera à empoisonner le quotidien des Tunisiens, à banaliser le
commerce de contrebande, à polluer les services publics, à court&dashcircuiter les administrations
douanières, fiscales et de sécurité.
Cet échec a un autre coût &colon la
propagation d’un populisme qui fait feu de tout bois et ne cesse d’alimenter et
de se nourrir des illusions dangereuses comme celle de nos richesses
pétrolières cachées et dilapidées par les corrompus et les corrupteurs.
C’est dans ce contexte de morosité
généralisé et de scepticisme rampant quant aux valeurs véhiculées par la
Révolution tunisienne, que s’inscrit une initiative inattendue et
bienvenue &colon la campagne contre des figures emblématiques de la corruption.
Inattendue &colon parce qu’aucun Tunisien
ne croyait Youssef Chahed capable de déclarer la guerre aux barons de la
contrebande et de l’argent sale. Certes beaucoup semblent pour l’heure épargnés.
Et c’est précisément là que l’enjeu est fatidique &colon la société civile et
les personnalités nationales doivent peser de tout leur poids pour que le
combat qui a été déclenché soit mené à bon terme. Le moment est crucial car le
chef du gouvernement s’attaque à la corruption dont les multiples tentacules
s’étendent aux rouages de l’Etat lui&dashmême y compris l’appareil de sécurité.
On peut ne pas être d’accord sur
l’appréciation du parcours et des circonstances qui ont amené Chahed à assumer
la responsabilité qu’il a à la tête du gouvernement, mais force est de
constater que l’homme a relevé le défi et sans doute mis sa propre vie en jeu. Car
il ne faut pas perdre de vue la puissance des réseaux mafieux et leur capacité
à réagir. Ils ont des relais à
l’intérieur comme à l’extérieur du pouvoir, au cœur de l’Etat comme à
l’étranger. Les voix extérieures, qui menacent de mettre le pays à feu et à
sang, en disent long sur les accointances de certains qui ont amassé des
fortunes en spéculant sur l’amour de la patrie.
La bataille se déroule sur plusieurs fronts
et avec toutes sortes d’armes &colon à commencer par les renseignements, les
dollars et les pétrodollars. Le rouleau compresseur de la désinformation sera
également mobilisé… On peut comprendre les scrupules de tous ceux qui cherchent
à être mieux éclairés par crainte d’une désillusion supplémentaire, mais il
nous semble impératif aujourd’hui d’être de toutes nos forces du côté du chef
du gouvernement dans sa détermination à mener la bataille jusqu’au bout comme
il l’a déclaré lui&dashmême. Tout en
espérant que la campagne ne s’arrête pas aux seuils intouchables des gens nés
« sous une bonne étoile ».
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