Au président et au directeur général du Mémorial de Caen: nous demandons le retrait de la sculpture de Seward Johnson.
En effet, si le débat n’est pas tranché sur l’identité de la jeune femme de la photo (Greta Zimmer Friedman qui a plusieurs fois témoigné de l’agression ou Edith Shain qui est sortie de son silence 35 ans après le baiser quand elle estimait que « cela ne pourrait plus entacher sa réputation », ce qui montre également son inconfort), le comportement de l’homme, lui, reste une certitude.
Dans le livre The Eye of Eisenstaedt, le photographe écrit : "J'ai remarqué un marin venant dans ma direction. Il attrapait tous les femmes à sa portée et les embrassait, jeunes comme vieilles. Puis j'ai remarqué l'infirmière, debout dans cette immense foule. J'ai fait le point sur elle, et, comme je l'espérais, le marin est arrivé, a attrapé l'infirmière, et s'est penché pour l'embrasser."
Le marin aurait pu rire avec ces femmes, les enlacer, leur demander s’il pouvait les embrasser de joie. Non, il a fait le choix de les attraper, le poing fermé, pour les embrasser. C'est une agression[1].
Mais grâce au romantisme de la photo, elle n'a jamais été reconnue comme telle. Pire, elle est devenue une allégorie de la fin de la guerre aux Etats-Unis et s’expose aujourd’hui de manière indécente en format géant.
Alors qu’on estime à près de 14 000 le nombre de femmes violées par des GI’s en France, en Angleterre et en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale,
Alors qu’encore aujourd’hui, plus de 75 000 femmes sont violées chaque année en France, qu’une femme active sur 4 sera victime de harcèlement sexuel dans sa vie professionnelle et que le harcèlement de rue est une plaie du quotidien,
Nous ne pouvons accepter que le Mémorial de Caen érige une agression sexuelle en symbole de paix.
Nous demandons donc le retrait de cette sculpture dans les meilleurs délais et nous nous engageons à ne pas franchir le seuil de la « Cité de la paix » tant que cette dernière en obscurcira l’esplanade.
[1] Selon l'article 222-22 du code pénal, "Constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise."