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Protéger l'enseignement à la maison

Protéger l'enseignement à la maison

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Cette pétition a été lancée par Marie-Ève G. et ne représente peut-être pas un positionnement d'Avaaz
Marie-Ève G.
a lancé une pétition à destination de
M. Jean-François Roberge, ministre de l'éducation
  Petite note en entrée de scène: Vous m'excuserez si j'ai laissé quelques fautes. Je suis pourtant allée à l'école. ๐Ÿ˜‰
Mais surtout, c'est que j'ai trois enfants à éduquer en famille et bien d'autres suivis à faire…
------  

Je suis déçue. Je suis fâchée. Je suis consternée.
Pour tout vous dire, je suis indignée par ce dossier qui explose subitement et qui fragilise encore une fois nos vies, nos choix, notre éducation…

M. Jean-François Roberge - ministre de l'éducation,
M. François Legault - premier ministre du Québec,
SVP messieurs, je vous prie de faire VOS devoirs.
C'est urgent.  


Mes principaux points à aborder :
1    
Démystification: enseignement à la maison
2    
Projet de règlement: imposer la passation des épreuves ministérielles
3    
Campagne de désinformation: écoles religieuses illégales versus école à la maison
4     Bris de confidentialité de la part du gouvernement


1- Démystification: enseignement à la maison:
Vos intentions sont bonnes, M. Roberge. J'en suis convaincue.
Et tout comme l’ensemble des parents-éducateurs qui offrent un apprentissage personnalisé à ses enfants, vous souhaitez certainement favoriser la réussite éducative et renforcer la qualité des apprentissages. Pour ce faire, vous envisagez des modifications au Règlement sur l’enseignement à la maison.  
C’est ici que je me proNONce.  

En apprenant le dépôt d’un nouveau cadre réglementaire, j’ai fait mes devoirs. En explorant le contenu de cette modification au règlement, j’ai ressenti l’urgent besoin de vous parler. De contribuer à faire mûrir vos réflexions. De vous permettre de faire des choix logiques et soutenus par des faits. Et également, de rétablir une saine information auprès la population générale.  

Pour toutes ces raisons, M. Roberge, je vais oser ouvrir nos portes. Ouvrir nos portes sur une partie de notre vie privée, de notre réalité.

Je suis mère de trois enfants. Merveilleux. Uniques. Adorables.
Exigeants aussi. L'un de mes enfants, M. Roberge, a une liste plutôt longue de défis particuliers et de diagnostics émis par des professionnels de la santé et de l'éducation. Allons-y avec quelques-uns seulement. Simplement pour vous donner une petite idée de notre réalité. De SA réalité. De ses défis et de ses obstacles. De son combat, à tous les jours. 24/7.

TDAH sévère avec impulsivité / rigidité cognitive / trouble sévère de l'opposition / anxiété / dyslexie / dysorthographie / atteinte sévère de la mémoire à court terme, troubles des fonctions exécutives… 
Et j’en passe. Pour ne pas vous découragez de me lire.  

Pour avoir vous-même travaillé 17 ans dans les écoles primaires M. Roberge, je sais que vous comprendrez l'histoire qui suit...

Ce bel enfant, compliqué certes, mais d'une beauté intérieure sans pareil, était assis sur vos bancs d'école jusqu'à l'an dernier.

École primaire et commission scolaire avec qui j'ai toujours collaboré, été présente, impliquée, compréhensive et en mode solutions. Milieu scolaire à qui j'ai demandé des services, des évaluations, de l'aide, du soutien et ce, dès son entrée à l’école parce que les besoins étaient au rendez-vous. J'ai participé aux rencontres, entretenu des liens respectueux avec les divers professionnels, j'ai demandé des suivis. J'ai redemandé des services.
J'ai attendu, j'ai écouté, j'ai demandé, j'ai participé, j'ai patienté. J'ai redemandé, j'ai écrit, j'ai appelé, j'ai recommencé. J’ai demandé plus fort parce que pendant ce temps, M. Roberge, mon enfant, lui, est en SOUFFRANCE. Que dis-je, M. Roberge, je me reprends : sa famille au complet est en souffrance...!  

En souffrance parce que les crises démesurées, fréquentes et douloureuses, le débordement de son anxiété, les impacts de son imposante dépréciation de lui-même, de son sentiment gros comme le ciel d'être dont bien différent des autres et d'être si peu intelligent, faisaient parties prenantes de sa réalité quotidienne.

Se frapper la tête en se disant que son cerveau est plus pourri que tous les autres…

C'était chaque jour, M. Roberge, que nous vivions cette réalité dramatique, troublante et inacceptable. C’était chaque jour et notamment durant la période des leçons. Mais à tout moment également.  

****Et ici, je tiens de tout cœur à préciser la bonté, la générosité et la belle collaboration offerte par des enseignantes plus qu’extraordinaires. Des enseignantes formidables que nous avons eu la chance d'avoir sur notre chemin et dans la vie de notre enfant!*****

Vous êtes chanceux, M. Roberge, d’avoir dans vos écoles des perles rares comme la majorité des professeurs. Il faudrait leur faire attention à ces employés de cœur qui donnent énormément, malgré les conditions alarmantes avec lesquels ils doivent composer.  

Ce petit garçon qui, depuis trop longtemps, était prêt à «mordre» tous ceux qui s’approchaient de lui, simplement parce qu’il se sentait toujours inconfortable, toujours en échec, toujours en bataille. Ce petit garçon qui portait une armure double carabinée parce qu’il éprouvait constamment le sentiment de mal être profond et en l’occurrence, se sentait attaqué par tout et par rien… cette armure beaucoup trop lourde pour un si petit bonhomme… pour mon petit bonhomme, M. Roberge…

Ce petit garçon s’opposant à tout et même à des choses auxquelles ils auraient pourtant voulu dire «oui». Ce petit garçon qui faisait des crises épouvantables, interminables et douloureuses pour toutes les raisons du monde et également, sans aucune raison visible pour nous.

Ce petit garçon, M. Roberge, avait perdu la lumière dans ses yeux... Ce petit garçon avait perdu sa joie, son bonheur d’enfant, son goût d’apprendre, son envie de se dépasser… Vous savez M. Roberge, cette petite étoile qu’on veut voir dans les yeux des enfants, elle n’était plus présente pour mon enfant de 9 ans…!

Un enfant qui a pourtant la chance de vivre dans une famille saine, disponible, avec de l’amour, de l’encadrement, de la constance, de la présence…  

Qu’on se le tienne pour dit, un enfant qui ne correspond pas au milieu scolaire traditionnel qu’on leur impose est un enfant qui étouffe jour après jour, année après année. Nous vivons une situation alarmante à laquelle nous sommes tous témoins, et dont nous sommes tous des acteurs principaux.  

Avec toute votre expérience M. Roberge, vous n’êtes pas sans savoir que des histoires comme la nôtre, en l'occurence, des enfants qui ne correspondent pas au milieu scolaire traditionnel, il en pleut à la tonne dans notre société.

Que devons-nous faire?
«Taper sur la tête» de ces enfants pour qu’ils entrent dans le moule? Pour qu’ils cadrent dans le système scolaire traditionnel que nous les adultes avons choisi et considérons comme seul et unique modèle?
Je ne crois pas non. Et d'ailleurs, vous non plus, M. Roberge...

Depuis que nous faisons l'enseignement à la maison...
Depuis que nous avons intégré un mode de vie qui permet des apprentissages différents, sur mesures et adaptés. Depuis que nous faisons des projets concrets, manuels et pratiques, mon fils va tellement bien M. Roberge...

Mon fils vit des réussites.

Sa confiance et son estime personnel ont augmenté d’une façon remarquable et oh, combien nourrissante!

Son anxiété a diminué jusqu’à ne pratiquement plus faire partie de son quotidien.

...Et ses YEUX, M. Roberge… ses yeux brillent enfin à nouveau…
La joie de vivre est au rendez-vous! Si vous saviez à quel point nous sommes heureux, fiers et comblés de voir notre enfant se sentir bien et avoir chassé la noirceur… Avoir chassé les idées sombres et négatives qu’il portait si lourdement…

Tous ceux qui le rencontre à nouveau s’exclament de voir un enfant autant changé. Un enfant aussi bien, aussi rieur et sociable comme il l’est actuellement.

D'ailleurs, je dois absolument souligner l'amélioration remarquable de ses habiletés sociales maintenant que son mode de vie est adapté et qu'il se sent bien. Ce petit bonhomme qui a si souvent « pleuré de ne pas avoir d'ami » dû, entre autres, à son impulsivité imposante.

On pense souvent, à tord, que les enfants scolarisés en famille ne seront pas capables de bien agir en société. La crainte est légitime. Et je comprends que l'on puisse s'en inquiéter. Mais les faits nous démontrent autres choses...
De plus, il est important de savoir que les familles-éducatrices sortent, socialisent, se regroupent, visitent, s'impliquent socialement. Les enfants sont, pour une grande majorité, régulièrement en contact avec d'autres enfants et ont du TEMPS de qualité pour développer des liens.

Bref... l'enseignement à la maison...
C’est le plus beau cadeau qu’on ait pu lui faire.
C’est le plus beau cadeau qu’on ait pu se faire en tant que famille.  

De nombreuses trousses éducatives, gratuites et clés en main, sont disponibles sur une panoplie de sujets, touchant ainsi une variété impressionnante de matières scolaires. Les liens avec le programme de l’éducation sont habituellement bien inscrits afin de faciliter l'intégration des trousses dans les écoles.

Mais pour l'avoir vécu M. Roberge, vous le savez... Les enseignants sont inondés par leur travail, par leur classe trop nombreuse, par le nombre d’élèves en besoins particuliers, par les exigences qu’ils doivent rencontrés et par le temps qui manquent pour pouvoir intégrer ces programmes.
Triste réalité. 

Ce sont pourtant des trousses pédagogiques en lien avec les recommandations provenant du guide meilleures pratiques en termes de santé publique. Il est malheureux de constater que tout ce travail est souvent subventionné par l’état, pour l’état, mais qu’il n’est pas utilisé.  

Lorsque l’on fait l’enseignement à la maison, nous avons l’opportunité d’utiliser ces trousses riches en matériel et en contenu. Nous avons la chance d’utiliser celles qui correspondent aux intérêts de l’enfant et de prendre le temps nécessaire pour les utiliser à bon escient, selon le rythme de l’enfant. Un modèle qui fait ses preuves en termes d’efficacité au niveau d’un apprentissage durable et motivant.    


2- Un projet de règlement qui impose la passation des épreuves ministérielles
Personnellement, je crois que l'éducation est la base de la vie.
Je suis de celles qui croient avec conviction que l’éducation change le monde. Que tout le monde mérite une chance égale « d’écrire » son avenir. Que l’éducation apporte des connaissances et que les connaissances nourrissent la force d’un peuple et contribuent à changer le monde.

Ce n’est pas l’éducation qui est un problème en soi.
Ce n’est pas la majorité des enseignants et des professionnels du milieu scolaire non plus.
Ce qui est défaillant, M. Roberge, c'est le système d’éducation.  

Pour avoir vous-même écrit un livre sur le sujet, intitulé « Et si on réinventait l’école? », je sais pertinemment, M. Roberge, que vous êtes en accord avec le fait qu’il est urgent d’agir et de modifier ce système que vous déplorez également.

Pourquoi existe-t-il un tel entêtement au Québec à vouloir protéger et conserver ce même modèle aux résultats pourtant catastrophiques? Et pourquoi décider de le faire entrer (en plus (!)) dans nos maisons, ce modèle défaillant?  

Notre modèle d’éducation est le même depuis l'époque de l'industrialisation. Il ne va sans dire que nous sommes plus rapides pour s'améliorer dans d’autres domaines.. Mais pourtant…! Pourtant ce domaine devrait être LA priorité des priorités.

L’éducation sert au peuple depuis toujours, maintenant et pour les générations futures. Pourrait-on se servir de l'expérience de notre passé relative à l'éducation, des bilans et des rapports en lien avec l'évaluation de notre système scolaire? Pourrait-on se servir de ces constats comme tremplin pour faire évoluer notre système scolaire?

M. Roberge, pourrions-nous enfin reconnaitre que l’éducation ne fonctionne pas comme « un vase à remplir » chez une majorité des enfants? Aristophane le savait déjà, lui, dans les années -400! S’en est suivi plusieurs autres grands penseurs qui ont repris ses mots au fil des siècles (Montaigne, Rabelais, Montessori).

Pourrions-nous, enfin, réajuster le tir?  

Le résumé du livre que l’on retrouve au dos de l’ouvrage dont vous êtes l’auteur, M. Roberge, relate bien l’état désastreux de notre système scolaire actuel, qui est en crise.

Je vous cite :
« De toute urgence, il faut faire de l’éducation notre priorité nationale. Plus encore, il faut carrément réinventer l’école parce que, de toute évidence, ça ne va plus. Écoles délabrées, taux de décrochage alarmant, analphabétisme grimpant : les Québécois ne peuvent plus rester les bras croisés. Investir davantage ne suffit pas. Il faut changer notre façon de faire. Pour ce, tous les groupes impliqués dans le réseau scolaire doivent accepter de renoncer à leurs intérêts corporatistes et n’avoir désormais qu’un seul but en tête : donner priorité à l’élève. [...] Jean-François Roberge ose mettre de l’avant des idées novatrices qui susciteront bien des discussions. « En clair, insiste l’auteur, notre survivance comme peuple dépend de notre capacité à valoriser l’éducation. Il faudra en avoir le courage. Ainsi, nous pourrons lutter contre la pauvreté, contrer l’intimidation, défendre notre langue et relancer notre économie. »  

Ces constats, absolument représentatifs de notre système scolaire en crise, sont des plus alarmants. Et malgré tout, cela ne représente pas le moindre mal… Car le plus grand malheur derrière ces résultats tragiques et inacceptables, ce sont les petits humains qui en souffrent. Ce sont les enfants, les adultes de demain, qui en payent le prix. On retrouve trop souvent des élèves démotivés, en proie à l’anxiété et à la dépression.

Pouvons-nous prendre conscience qu’un changement majeur de notre système d’éducation est urgent? Pour la santé et la sécurité de nos enfants. Pour l’avenir de notre monde.

Nous devons cesser de rester des témoins silencieux devant un tel fléau. Il s’agit là d’une responsabilité sociale. D’une urgence d’agir. M. Roberge, nous devons cesser d’être les acteurs principaux de ce système.  

Lorsque j’ai entendu parler de vous au début de votre carrière en politique, lorsque je vous ai entendu parler de votre profession d’enseignant, de vos constats et de vos ambitions face à l’éducation, j’ai ressenti une petite source d’espoir. Car malgré vos allégeances politiques qui ne correspondent pas aux miennes, je crois que l’important est de sauver l’éducation.

J’y ai cru, M. Roberge, à vos intentions, vos idées et à votre fougue de guérir un système mal en point.

D’ailleurs, toutes entreprises ou organismes qui vivraient une telle calamité publique chercheraient des solutions pour remettre le cap vers l’atteinte d’objectifs honorables, avant de perdre pied.

Et surtout (!) aucune entreprise ne tenterait d'agrandir sa chaîne sous le modèle d'un système déficient. Les risques d'échec seraient calculés et seraient rapidement notés comme étant trop risqué de perdre la face... Si l'image utilisée pour une entreprise en situation de crise est facile et logique à comprendre, pourquoi du point d'un service public d'une aussi grande importance que l'éducation, cette même logique n'est pas appliquée?

Comment pouvez-vous laisser un système défaillant, un système inchangé et inadapté, venir se multiplier jusque dans nos maisons?

Qu’est-ce qui a changé depuis l’écriture de ce livre, M. Roberge? Où sont allées vos convictions et votre sentiment d’urgence à changer un système défaillant? Loin de moi l’idée de vous offusquer ou de vous discréditer.
Au contraire. Je suis respectueuse. Je m’affirme. Je me questionne.
Et je tente de comprendre.
Mais je ne comprends pas... Et comme tout bon élève, je cherche à comprendre lorsque je veux savoir et avancer.  

Que souhaitez-vous pour l’enseignement à la maison? Que nous fassions un copier-coller des écoles dans nos maisons? Vous souhaitez que l’on suive exactement la formule qui ne fonctionnait pas et avec laquelle nous avons eu toute la misère du monde à s’en sortir sans trop de cassures? Vous souhaitez que l’on fasse les mêmes « cahiers » qu’à l’école, les mêmes horaires, les mêmes exigences?

Parce qu’en fait, si vous obligez la passation des mêmes examens, vous comprenez que vous exigez également le même fonctionnement que dans les écoles.  

M. Roberge, je ne suis pas payé pour le travail de parent-éducateur que j’accomplis. Au contraire. Je laisse un salaire annuel de 50 000$ pour « sauver mes enfants » d’un système défaillant qui n’est pas près d’évoluer. C’est nous les parents qui assumons également les coûts des activités, les ressources, les déplacements, les logiciels, les visites aux musées et ailleurs pour faire l’éducation en famille. Ce n’est pas un petit choix fait au hasard des choses.  

Avant d’exiger de telles choses, M. Roberge, je vous prie, une fois de plus, de faire vos devoirs, de vous intéresser sincèrement au système d’éducation en général, pour l’avenir de la population québécoise.  

Je crois, M. Roberge, qu’il faut réellement se poser la question : lequel de nos deux systèmes fonctionnent le mieux? Et je ne crois absolument pas que la solution soit de faire l’école à la maison pour tous les enfants. Je ne dirais jamais une telle chose!  

Mais je crois fermement par contre que de laisser la liberté du choix est primordial, en plus d’offrir un soutien de qualité, une collaboration respectueuse et de favoriser une communication ouverte et saine auprès de ceux qui font le choix de l’enseignement à la maison. Et surtout, je crois que l’urgence de votre travail est de révolutionner le système éducatif actuel.

Après tout, n'est-ce pas les fondements même de votre poste au gouvernement?  

Il faut à tout prix être conscient que plusieurs parents-éducateurs mettent de côté leur carrière, leur sécurité financière et leur temps pour « sauver leurs enfants » et faire eux-mêmes leur éducation. Il faut être conscient de tout ce que nous faisons comme action pour veiller au bon développement de nos petits.
 
Être conscient de notre réalité et de nos façons de faire pour en arriver à d’aussi bons résultats. Nous ne voulons pas, M. Roberge, reproduire votre système d’éducation dans nos maisons. Je me répète, mais, je suis certaine qu’en me lisant, vous comprendrez que ce serait digne d’une aberrance profonde.  

Je comprends que l’école à la maison peut faire peur. L’enseignement à domicile, ça sonne souvent comme quelque chose de mystérieux, de différent. Bref, c’est de l’inconnu pour une grande majorité de la population. Et c’est bien connu : l’inconnu fait peur…

Que fait-on devant un sujet inconnu? Une seule chose à faire : questionner, s’intéresser, tenter de comprendre. Bref, c’est un peu comme à l’école lorsque l’on découvre un nouveau sujet : on fait ses recherches, on lit sur le dossier, on rencontre les gens et surtout, on fait confiance aux personnes significatives qui peuvent nous en dire plus sur le sujet (ici, je sous-entends la DEM qui est VOTRE équipe de travail et qui sont aux faits d’un portrait assez représentatif de ce qu’est l’école à la maison).
Et bien sûr, il y a l’AQED, et tous les parents-éducateurs qui sont aux premières loges de ce sujet.  

En apprentissages en famille, nous avons du temps. Nos enfants ont le temps d’être des enfants, de vivre, de respirer et de s’amuser. Les spécialistes prônent le jeu pour apprendre. Ici, nous avons la chance d’appliquer ce principe.

Vous connaissez la citation de M. Benjamin Franklin : « Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends.  ». C'est également un des principes que nous intégrons dans la façon d'enseigner à la maison.

Nous avons l’opportunité d’intégrer les recommandations de divers spécialistes de la santé et de l’éducation. L'opportunité d'intégrer des trousses pédagogiques qui figurent dans le guide des meilleures pratiques en termes de santé public.

Je pense, entre autres, à l’importance du jeu libre et du jeu extérieur qui est un manque important chez une majorité d’enfants québécois. Je pense également aux multiples bienfaits et apprentissages qu’apportent le fait de cuisiner. Aux activités de la vie quotidienne qui font des liens hypers intéressants et concrets avec les apprentissages que l’on retrouve dans le programme ministériel. Activités de couture, de créations artistiques, de construction, de rencontres, d’échange intergénérationnel, et j’en passe.  

Nous intégrons les recommandations en ce sens, alors que nous n’avions pas le temps à l’époque où notre famille vivait sous la formule standard des gens du 21e siècle : deux parents qui travaillent / enfants qui passent au-dessus de 45 heures par semaines à l’école et au service de garde / horaire chargé / impatience – irritabilité / enfants avec des appareils électroniques plein les mains et qui ne veulent pas sortir dehors / parents débordés, épuisés et trop souvent, en burnout familial…  

Voulez-vous nous faire reculer avec vous? Est-ce réellement pensable pour vous de nous enlever nos moyens d'intégrer les recommandations de vos professionnels dans nos vies?

Je me pose sérieusement la question : à quoi servent ces recommandations si ce n’est pas pour les appliquer? L’état paye pour des recherches, des études, des expériences et on n’en favorise pas l’intégration dans la vie des québécois...!  

Voici un exemple concret de ce que nous faisons en enseignement à la maison :
Les activités de cuisine permettent : l’utilisation des technologies pour effectuer la recherche des recettes, lecture des recettes, planification-organisation-méthodes de travail afin de réaliser la recette selon l’ordre déterminé, mesurer et/ou peser des ingrédients, etc. On joue avec les fractions. On double les recettes. On les triple aussi. Et parfois, on les réduit de moitié. On comprend le calcul à faire pour obtenir une tasse d’un produit en ayant à notre disposition, parfois, seulement un contenant d’un quart de tasse pour mesurer. On perfectionne l’esprit logique, l’autonomie, les saines habitudes alimentaires. On pratique la réalisation entière d’un projet : de la recherche de la recette au ménage que cette activité comporte, pour terminer par le plaisir de la dégustation et du partage avec les membres de notre famille. On peut même en profiter pour améliorer notre esprit critique, pour émettre des hypothèses, pour faire des essais et des erreurs. On applique le principe de résolution de problèmes, on identifie des stratégies. On peut mettre en œuvre sa pensée créatrice : on peut inventer, décorer, faire de l’art avec nos réalisations culinaires. On peut profiter de l’occasion pour parler en anglais durant l’activité de cuisine. On peut profiter de l’occasion pour chanter et ainsi, pratiquer notre mémoire, élargir notre vocabulaire, nos connaissances générales. On peut même profiter de l’occasion pour faire du développement personnel et social lorsque l’on se met à table autour d’un repas fait par les enfants. On doit travailler en équipe et coopérer lorsque l’on fait quelque chose de délicat comme de la cuisine. On apprend à respecter les méthodes de travail à suivre. On doit suivre les règles de fonctionnement lorsque l’on fait ce type d’activité si on veut utiliser du matériel qui nous permet de réaliser nos recettes (couteaux / mélangeurs / cuisinière / etc). On développe notre capacité d’adaptation et d’ajustement. On pratique notre persévérance dans l’accomplissement de la tâche parce que le résultat, on le veut « mangeable »! ๐Ÿ˜‰  

L’école à la maison, c’est tout ça…! Et même plus!
L’intégration des compétences transversales dans le quotidien de l’école à la maison, je pourrais en parler beaucoup plus longtemps.  

Des exemples comme ceux-là. M. Roberge, j’en ai à la tonne.  

Ce n'est vraiment pas tous les enfants pour qui c'est profitable de passer 5 heures assis sur une chaise à se faire entrer de l’information dans le cerveau et ensuite devoir transférer le tout sur un examen.
Ici, j’exagère le système. Je le stéréotype. Je tente de faire une image. Bien sûr, que ce n’est pas exactement comme cela que ça se passe en classe.

Mais tout de même « On a mis quelqu’un au monde, on devrait peut-être l’écouter…! »

Que faisais les gens dans les années 60 pour qui ce système ne fonctionnaient pas? Ils abandonnaient très tôt et allaient travailler sur la ferme ou ailleurs. Étaient-ils tous des incompétents? Étaient-ils des gens qui sont incapables d’apprendre? Ou étaient-ils seulement des gens qui étaient davantage manuels, concrets, pratiques et donc, pour qui le système traditionnel ne fonctionnait pas?  

Le projet de règlement que vous déposez va à l’encontre de ce qui fonctionne très bien dans l’éducation à domicile. Le fait d’imposer la passation des mêmes examens qu’à l’école obligent les parents-éducateurs à reproduire exactement le système scolaire. Système qui, je le répète, de toutes évidences ne fonctionne pas.

Ce projet de règlement nous contraint à tenter de « remplir le vase » d’une façon qui ne fonctionne pas pour une majorité d’enfants. Nous avons fait le constat que le bourrage de crâne n’est pas favorable à l’apprentissage.
Pourquoi voulez-vous nous mettre dans le même bateau qui chavire?  

Vous avez déclaré que « le projet de règlement permettra à chaque enfant de « développer son plein potentiel ». Je souhaite réellement vous entendre m’expliquer comment vous en êtes arrivé à cette conclusion pour affirmer une telle chose. Sur quels faits ou résultats vous basez-vous… car visiblement, je n’ai pas la même « lecture » que vous. Je suis pourtant allée à la même école ๐Ÿ˜‰ (façon de parler!).    

Vous avez également dit que « Ces modifications [...] s’inscrivent parfaitement dans notre volonté de mettre l’intérêt des élèves au-dessus de tout autre considération ». L’intérêt des élèves, M. Roberge, c’est vraiment par la méthode d’enseignement actuelle que nous y arriverons vous croyez?  

M. Roberge, regardez nos enfants. Voyez les résultats que nous obtenons par les autres façons d’évaluer les enfants plutôt que d’imposer l’utilisation d’un programme fixe et des examens.

Avec ce nouveau règlement, vous venez faire votre loi directement dans nos maisons et nous obliger de faire exactement comme dans les écoles.    

Pensons à notre célèbre scientifique, M. Albert Einstein.
Citons ici sa parodie du système éducatif : « Pour une juste sélection, tout le monde doit passer le même examen : vous allez devoir grimper à cet arbre. » dit le professeur ses étudiants (un oiseau, un singe, un pingouin, un éléphant, un poisson, un phoque et un chien).

La morale de cette histoire expliqué par M. Einstein : « Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson par sa capacité à grimper aux arbres, il passera sa vie entière persuadé qu’il est totalement stupide. »
Je n’ai rien de plus à ajouter. Je crois que le père de la théorie de la relativité a tout dit!  

Albert Einstein est d’ailleurs un de ceux qui n’a jamais pu se conformer au moule de l’éducation et qui était considéré comme un mauvais élève. Il était pourtant un homme extra-brillant.

Déjà, à l’époque, M. Einstein déNONçait les dysfonctionnements du système scolaire… Dysfonctionnements qui sont toujours les mêmes, encore aujourd’hui.  

Je trouve aberrant, voir gênant, que nos gouvernants choisissent toujours de maintenir un système défaillant plutôt que l’évolution et l’amélioration de celui-ci. Pourquoi rester dans un ancien paradigme éducatif aussi longtemps et se rebuter contre ceux qui trouvent des alternatives comme l’enseignement à la maison?    

M. Einstein s’opposait au principe d’apprentissage de connaissances par cœur (sans recherche et sans réelle compréhension).

Il disait : « Les excès du système de compétition et de spécialisation prématurée sous le fallacieux prétexte d’efficacité, assassinent l’esprit, interdisent toute vie culturelle et suppriment même les progrès dans les sciences d’avenir. Il importe enfin, pour la réalisation d’une parfaite éducation, de développer l’esprit critique dans l’intelligence du jeune homme. Or la surcharge de l’esprit, par le système de notes, entrave et transforme nécessairement la recherche en superficialité et absence de culture. »  

M. Roberge, je sais vous êtes un homme brillant et que vous souhaitez le changement au niveau de l’éducation, par mesure de bienveillance. Faites vos devoirs, je vous prie.  

Toute cette aventure en tant que mère m’apprend qu’il est bien vrai que le plus bel héritage qu’un parent puisse laisser à son enfant est un peu de son temps chaque jour.  

J’ai tellement l’impression d’avoir contribué positivement à la modification de la trajectoire de mon fils ainé, en le sortant d’un système qui a de besoin qu'on s'en occupe, qu'on le renouvèle, qu'on l'adapte. Un système qui contribuait à la détérioration du développement de sa personne. Un système qui l’étouffait un peu plus chaque jour et qui le tirait vers la noirceur.  

Connaissez-vous cette citation de Mme Maria Montessori : « N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde aura changé lorsqu’ils seront grands. »? Je crois que le modèle d’apprentissage en famille favorise grandement à former des êtres autonomes, fonceurs et déterminés pour l’avenir de notre monde.
N’est-ce pas la mission de l’éducation M. Roberge?  

Avons-nous assez discuté de l’importance de former un nouveau paradigme éducatif?    


3- Campagne de désinformation qui induit en erreur la population générale (écoles religieuses illégales VS école à la maison). Et, en l’occurrence, qui influence déshonorablement l’opinion publique.

Un amalgame médiatique déplorable est rendu actuellement entre deux situations complètement opposées, soit: les familles qui ont fait le choix d’une éducation différente et les écoles religieuses illégales.

Comment est-ce possible de laisser publier une telle désinformation? Est-ce les équipes journalistiques qui ont mélangées les informations pour fins de sensationnalisme auprès de la population? Est-ce une tactique gouvernementale pour influencer l’opinion publique qui n’est majoritairement pas informée sur ces dossiers?  

Comment peut-on oser mettre deux groupes dissemblables dans le même panier et oser faire les manchettes avec cela? Comment peut-on oser prétendre remplir sa mission d’informer la population en diffusant des informations aussi trompeuses et fausses comme celles-ci?  

Les médias d’informations jouent un rôle crucial, car ils permettent à la population de fonder leurs opinions en se basant sur les faits rapportés. Les mots peuvent créer des maux… c’est important d’y voir et d’informer avec des propos justes et réels.

De contribuer à la désinformation massive de notre population contribue à nourrir la peur et l’inconnu.
Ce n’est pas digne d’honneur et de respect d’un gouvernement envers ses citoyens. Ni des médias envers son public.    


4- Bris de confidentialité

Je suis énormément préoccupée par l’article du Devoir, en date du 28 mars 2019. On y apprend le bris de confidentialité de la part du gouvernement à propos de documents importants comprenant des informations hautement intimes et personnelles sur les familles éducatrices.

Un site sécurisé pour le dépôt de nos documents a été créé à l’été 2018. Les parents-éducateurs ont collaborés et ont fait confiance au gouvernement.

Je suis ébranlée d’apprendre comment nos documents ont été traités.  

Vous devez pourtant connaître l'importance du respect des renseignements confidentiels...? Vous devez pourtant savoir qu'un lien de confiance est difficile à obtenir, facile à perdre et encore plus difficile à obtenir une seconde fois...?

J’aimerais bien lire votre agenda ou votre journal intime pour voir votre façon d’écrire, l’accord de vos verbes et le désaccord de vos propres principes. Petite ironie ici.  ๐Ÿ˜‰ Je m’excuse. Je ne voudrais, oh grand jamais, transgresser l’intimité et la confiance de quiconque. 


5- Pour terminer…

Peu importe le nom de votre partie, peu importe vos allégeances politiques, peu importe votre rôle au sein du gouvernement, je vous demande de défendre notre droit fondamental à la liberté éducative.

Plus spécifiquement :
1- Je vous demande de vous informer davantage sur l'enseignement à la maison et de créer un lien sincère de collaboration avec les parents-éducateurs et votre belle équipe de la DEM. Je vous demande d'établir et d'entretenir une saine communication entre nous.

2- Je vous demande d'abandonner l'idée d'imposer la passation des examens ministériels pour les enfants qui vivent l'enseignement à la maison.

3- Je vous demande d'énoncer publiquement la distinction entre la réalité des écoles religieuses illégales et celle des familles qui font l'enseignement à la maison.

4- Je vous demande de présenter vos excuses concernant le bris de confidentialité qu'il y a eu. Je vous demande de tenter de rétablir le lien de confiance avec les nombreuses familles touchées par cette grave erreur.


M. Roberge, si vous m'avez vraiment lu jusqu’au bout, je vous remercie sincèrement. C'est un pas vers l'avancement… Je suis prête à ouvrir la discussion avec vous et votre équipe concernant l'éducation en famille, nos droits, notre réalité, nos besoins et tout le reste.

Merci pour votre compréhension,
Marie-Ève Gagnon
Parent-éducateur


« Quand les maîtres cesseront d'enseigner, les élèves pourront enfin apprendre.  » (Montesquieu);

« Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends.  » (Benjamin Franklin);  

« Former, ce n'est pas remplir un vase, mais allumer un feu  » (Aristophane);  

« La sagesse commence dans l'émerveillement  » (Socrate);  

« Nous sommes tous des génies. Mais si on juge un poisson par son aptitude à grimper dans un arbre, il passera sa vie à croire qu'il est stupide  » (Albert Einstein);  

« Qui ne continue pas à apprendre est indigne d'enseigner.  » (Gaston Bachelard)

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