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La précarité tue. La police aussi
Lyon2 R.
a lancé une pétition à destination de
Présidence Université Lyon 2
La précarité tue. La police aussi.
Non à la gestion répressive de la crise à l'Université Lyon 2 !
Vendredi 22 novembre dernier, soit deux semaines jour pour jour après l’immolation d’un de nos étudiant.e.s devant le Crous de Lyon, un groupe de dix-huit étudiant.e.s sont entré.e.s dans la salle des Conseils, sur le campus des quais, où se déroulait une réunion du conseil académique. À travers ce mode d’action collective, ces étudiant.e.s souhaitaient faire entendre leurs revendications contre la précarité, pour des conditions de vie et d’études dignes.
La présidente de l’Université, Nathalie Dompnier, a décidé de faire intervenir les policier.e.s. Une quarantaine de CRS ont donc fait irruption dans la salle pour interpeller les étudiant.e.s. Depuis le début de la matinée, un étudiant en sociologie se trouvait dans la salle, où il faisait un travail « d’observation sociologique ». Alors même qu’il ne participait pas du tout à l’action collective, il a, lui aussi, été interpellé. Les étudiant.e.s ont donc tou.te.s été transporté.e.s dans les camions de CRS jusqu’au commissariat du huitième arrondissement. L’étudiant en observation sociologique a été relâché en fin de matinée. Les autres ont été placé.e.s en garde-à-vue pendant huit heures, de dix heures du matin à vingt heures le soir. Durant ces heures, ils et elles ont fait l’objet d’intimidations qui, pour certain.e.s ont pris la forme de propos racistes et/ou sexistes de la part des policier.e.s. Les étudiant.e.s ont passé toute la journée reclus.e.s, sans nourriture pour certain.es, et dans l’incertitude quant à l’issue de cette garde-à-vue. Les étudiant.e.s ont été relâché.e.s, mais ils et elles auront passé une journée particulièrement éprouvante, tant sur les plans physique que psychique. Quinze ont eu un « rappel à la loi », ce qui signifie une surveillance pendant trois ans. Les policier.e.s ont opéré un prélèvement des empreintes digitales de certain.e.s étudiant.e.s.
À la suite d’une plainte de l’établissement, trois étudiant.e.s sont convoqué.e.s en mai pour être entendu.e.s par un.e juge, sous deux chefs d’inculpation : d’une part, une intrusion dans un établissement d’enseignement scolaire dans le but « de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement » avec la circonstance aggravante qu’elle a été commise en réunion ; d’autre part, des violences commises en réunion n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail. Ces étudiant.e.s auraient en effet été désigné.e.s arbitrairement par des agents de sécurité alors venus témoigner du fait qu’ils auraient été malmené.e.s par celleux-ci. Ils et elles risquent d’être condamné.e.s à plusieurs mois d’emprisonnement et à une amende de plusieurs milliers d’euros.
Par la présente lettre, nous demandons à la présidence de l’université d’une part de retirer la plainte à l’encontre des étudiant.e.s et, d’autre part, de mettre un terme à la gestion répressive de la crise.
Premièrement, ces étudiant.e.s agissent par tristesse, révolte et souci de justice sociale. Ils et elles sont sous le choc d’un événement traumatique - l’immolation d’un de leurs camarades. Ils et elles sont révolté.e.s contre leurs conditions matérielles de vie et le caractère massif de la précarité chez les étudiant.e.s. Ils et elles sont animé.e.s par des valeurs de justice sociale et croient en la possibilité de changer les choses par l’action collective. Pour cela, ils et elles usent du répertoire protestataire, dont les perturbations de réunions constituent une forme presque routinière.
Ce faisant, les étudiant.e.s ne souhaitent rien d’autre qu’être entendu.e.s et obtenir une réponse concrète et urgente à leurs préoccupations matérielles.
Deuxièmement, ces étudiant.e.s s’appuient, entre autres, sur des ressources conférées par l’université : les enseignements sur les inégalités, les conflits et les violences d’État, ou encore les mouvements sociaux. Alors même qu’ils et elles appréhendent l’université comme un espace d’émancipation, ils et elles voient l’institution se retourner, de manière brutale, contre eux et elles.
Ces poursuites pénales de la part de l’institution universitaire, investie de valeurs fortes telles que la liberté d’expression, le développement de la curiosité intellectuelle et de l’esprit critique, génèrent des désillusions chez des jeunes déjà fragilisé.e.s par la précarité et la grande incertitude quant à leur avenir professionnel.
Enfin, en accentuant la défiance envers l’institution universitaire, ces poursuites pénales, quelle qu’en soit l’issue, en éloignent physiquement et symboliquement les étudiant.e.s, favorisant des ruptures et des décrochages scolaires. La sanction pénale a des conséquences lourdes sur les parcours scolaires et biographiques des étudiant.e.s. Fournir l’attestation d’un casier judiciaire « vierge » est une condition pour postuler aux concours de la fonction publique, lesquels constituent l’une des rares voies de professionnalisation des étudiant.e.s en sciences humaines et sociales (filières des étudiant.e.s concerné.e.s). Les sanctions pénales risquent ainsi de compromettre durablement l’insertion sociale de ces étudiant.e.s, pour lesquels les débouchés professionnels sont déjà particulièrement restreints. Elles risquent, en définitive, d’accentuer la précarisation de ces étudiant.e.s, alors même qu’ils et elles se mobilisent contre des conditions matérielles de vie déjà détériorées. Les poursuites judiciaires fragilisent leur santé psychique, déjà mise à mal.
Pour toutes ces raisons, nous demandons à Madame Nathalie Dompnier de retirer sa plainte à l’encontre des étudiant.e.s.
Au-delà, nous lui demandons de s'engager à ne plus solliciter les "forces de l'ordre" et de faire cesser les interventions policières sur les campus.
En trois semaines, l’équipe présidentielle a fait intervenir à plusieurs reprises les forces de police contre des étudiant.e.s, mobilisé.e.s ou non, alors même qu’aucun élément n’accrédite à ce jour la réalité d’une mise en danger quelconque des personnels et des étudiant·e·s.
• Mercredi 13 novembre 2019, au début de l’occupation du campus de Bron par les étudiant·e·s mobilisé·e·s, trois policiers ont pu pénétrer sur le campus avec l’aval de l’équipe présidentielle et ont pu photographier celle.ux-ci. Vers 20h30, des dizaines de CRS et de membres de la brigade anti-criminalité (BAC), sont entré.e.s pour déloger les étudiant.e.s, pacifiques, qui discutaient des façons de s’organiser et d’agir collectivement.
• Dans la journée du 14 novembre 2019 sur le campus des Berges du Rhône, une étudiante a été interpellée par la police après avoir été malmenée lors du contrôle de son identité par des agents de sécurité.
• Le vendredi 22 novembre , une quarantaine de CRS ont fait irruption sur le campus des berges du Rhône (intervention détaillée plus haut).
• Signe, s’il en faut, de la normalisation des interventions policières dans notre université : mercredi 27 novembre après-midi, deux policiers sont entrés sur le campus de Bron pour interpeller deux mineurs dont le « délit » est d’avoir « volé » des sucreries dans un distributeur automatique. Ils ont été conduits hors de l’université par les policiers, escortés d’agents de sécurité.
Les interventions policières récurrentes se conjuguent en effet avec le recours croissant aux agents de sécurité, dans une gestion autoritaire, où les contrôles et la menace du recours à la violence physique s'étendent. Le lundi 18 novembre entre 18 et 20 heures , les agents de sécurité ont contraint tou.te.s les étudiant.es et le personnel du bâtiment H du campus de Bron à quitter le bâtiment, pour mettre fin à l’occupation pacifique d’un seul amphithéâtre par des étudiant.es mobilisé.e.s. Un mouvement de foule et de panique s’en est suivi ainsi qu’une montée des tensions entre des agents de la sécurité et des étudiant.e.s - pas nécessairement mobilisé.e.s - qui ont failli produire un incident grave à proximité d’un portail du campus universitaire.
Si cette approche sécuritaire n’est pas nouvelle, elle connaît une application de plus en plus extensive. Invoquée au nom de la protection des biens et des personnes, elle a systématiquement été utilisée contre des étudiant.e.s pacifiques. Les interventions policières instaurent un climat de tension et éloignent des étudiant.e.s, mobilisé.e.s mais pas seulement, de l’université. L’irruption, au sein de l’université, de policier.e.s détenant des armes est insoutenable pour beaucoup d’étudiant.e.s. Notre université compte, en effet, de nombreux.ses étudiant.e.s issu.e.s des banlieues populaires où les humiliations policières sont quotidiennes, et qui ont en mémoire les violences policières ayant conduit à la mort d’autres jeunes. Elle compte aussi de nombreux.ses étudiant.e.s exilé.e.s, qui ont fui des régimes autoritaires ou des guerres. La présence de policier.e.s dans l’enceinte de l’université constitue un danger pour ces étudiant.e.s dont certain.e.s sont en attente d’un titre de séjour et peuvent, lors d’un contrôle d’identité, être déféré.e.s en centre de rétention. Le recours aux forces de police expose, plus globalement, l’ensemble des étudiant.e.s à des risques intolérables, plusieurs organisations, nationales et internationales, ayant pointé l’usage disproportionné de la violence par les policier.e.s, les mutilations et les blessures irréversibles provoquées par leurs armes[1].
[1] Droits de l’Homme, 6 mars 2019, « Michelle Bachelet inquiète de la répression des manifestations au Venezuela, au Soudan et en France », Onu Info. https://news.un.org/fr/story/2019/03/1037951
Amnesty International, 14 décembre 2018, « France : usage excessif de la force lors des manifestations des gilets jaunes ». https://www.amnesty.be/infos/actualites/violencespolicieresfrance?lang=fr
Défenseur des droits, décembre 2017, « Le maintien de l’ordre au regard des règles de déontologie ». http://www.assemblee-nationale.fr/presidence/Rapport-MO-09-01-18.pdf
Aurore Chauvin, Jean-Louis Bourges, Jean-François Korobelnik, Michel Paques, Pierre Lebranchu, Frederic Villeroy et al., 2 novembre 2019,“Ocular injuries caused by less-lethal weapons in France” in The Lance t, Volume 394. DOI: https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)31807-0
Post-scriptum :
Au moment où nous écrivons cette pétition, la présidence de l’Université Lyon 2 a, de nouveau, fait intervenir les forces de l’ordre contre des étudiant.e.s mobilisé.e.s. Ces interventions ont généré de nombreuses blessures chez des étudiant.e.s, dont certaines sont recensées dans ce post que nous relayons ici : https://www.facebook.com/pg/LumiereCommuneLyon2/photos/?tab=album&album_id=592374564846783
Signataires (par ordre alphabétique) :
Brice Angrand, doctorant et ATER, science politique
Léonard Armagnat, étudiant vacataire, moniteur informatique
Romain Bertrand, doctorant et enseignant vacataire, anthropologie
Julien Bondaz, maître de conférences, anthropologie
Marlène Bouvet, doctorante et ATER, sociologie
Mélodie Breton-Grangeat, docteure et ATER, science politique
Marine Canavese, doctorante et enseignante vacataire, sociologie
Camille Chanel, étudiante vacataire, monitrice informatique
Jeanne Charneau, étudiante vacataire, monitrice informatique
Camille Cordier, doctorante et enseignante contractuelle, histoire
Sophie Coudray, docteure et enseignante vacataire, arts du spectacle
Adrian Debord, enseignant vacataire, sociologie
Florian Esteve, étudiant vacataire, moniteur informatique
Sylvia Faure, professeure, sociologie
Anaïs Garestier, enseignante vacataire, science politique
Irène Gimenez, doctorante et ATER, histoire
Julien Guigue, étudiant vacataire, moniteur informatique
Nariman Hammami, étudiante vacataire, monitrice informatique
Abir Kréfa, maîtresse de conférences, sociologie
Stéphanie Kunert, maîtresse de conférences, sciences de l'information et de la communication
Lucie Laplace, enseignante-vacataire, science politique et sociologie
Valentin Lamant, étudiant vacataire, moniteur informatique
Julie Leblanc, doctorante et ATER, anthropologie
Maxime Lemaitre, doctorant contractuel, sociologie
Simon Lévy, doctorant et enseignant vacataire, science politique
Hélène Marques, doctorante et enseignante vacataire, science politique
Valentine Mercier, doctorante et enseignante contractuelle, histoire
Pascale-Marie Milan, docteure et ATER, anthropologie
Yves Mirman, docteur et enseignant vacataire, science politique
Sylvie Monchatre, professeure, sociologie
Selim Nadi, docteur, ATER en science politique et chercheur invité à l'Université d'Oxford
Elsa Neuville, doctorante et enseignante contractuelle, histoire
Clara Paraboa, doctorante et enseignante vacataire, anthropologie
Bastien Pereira Besteiro, doctorant et ATER, sociologie
Gabriel Perez, doctorant et enseignant vacataire, études théâtrales
Eiddy Randriamanantsoa, étudiante vacataire, monitrice informatique
Jeanne Robert, doctorante et enseignante vacataire, anthropologie
Pauline Rousseau, doctorante, études théâtrales
Aude Royet, vacataire enseignante, science politique
Laurine Thizy, doctorante et ATER, sociologie
Lucia Valdivia, doctorante et enseignante-vacataire, science politique
Victor Vey, enseignant vacataire, sociologie
Lorraine Wiss, doctorante, études théâtrales
Non à la gestion répressive de la crise à l'Université Lyon 2 !
Vendredi 22 novembre dernier, soit deux semaines jour pour jour après l’immolation d’un de nos étudiant.e.s devant le Crous de Lyon, un groupe de dix-huit étudiant.e.s sont entré.e.s dans la salle des Conseils, sur le campus des quais, où se déroulait une réunion du conseil académique. À travers ce mode d’action collective, ces étudiant.e.s souhaitaient faire entendre leurs revendications contre la précarité, pour des conditions de vie et d’études dignes.
La présidente de l’Université, Nathalie Dompnier, a décidé de faire intervenir les policier.e.s. Une quarantaine de CRS ont donc fait irruption dans la salle pour interpeller les étudiant.e.s. Depuis le début de la matinée, un étudiant en sociologie se trouvait dans la salle, où il faisait un travail « d’observation sociologique ». Alors même qu’il ne participait pas du tout à l’action collective, il a, lui aussi, été interpellé. Les étudiant.e.s ont donc tou.te.s été transporté.e.s dans les camions de CRS jusqu’au commissariat du huitième arrondissement. L’étudiant en observation sociologique a été relâché en fin de matinée. Les autres ont été placé.e.s en garde-à-vue pendant huit heures, de dix heures du matin à vingt heures le soir. Durant ces heures, ils et elles ont fait l’objet d’intimidations qui, pour certain.e.s ont pris la forme de propos racistes et/ou sexistes de la part des policier.e.s. Les étudiant.e.s ont passé toute la journée reclus.e.s, sans nourriture pour certain.es, et dans l’incertitude quant à l’issue de cette garde-à-vue. Les étudiant.e.s ont été relâché.e.s, mais ils et elles auront passé une journée particulièrement éprouvante, tant sur les plans physique que psychique. Quinze ont eu un « rappel à la loi », ce qui signifie une surveillance pendant trois ans. Les policier.e.s ont opéré un prélèvement des empreintes digitales de certain.e.s étudiant.e.s.
À la suite d’une plainte de l’établissement, trois étudiant.e.s sont convoqué.e.s en mai pour être entendu.e.s par un.e juge, sous deux chefs d’inculpation : d’une part, une intrusion dans un établissement d’enseignement scolaire dans le but « de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement » avec la circonstance aggravante qu’elle a été commise en réunion ; d’autre part, des violences commises en réunion n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail. Ces étudiant.e.s auraient en effet été désigné.e.s arbitrairement par des agents de sécurité alors venus témoigner du fait qu’ils auraient été malmené.e.s par celleux-ci. Ils et elles risquent d’être condamné.e.s à plusieurs mois d’emprisonnement et à une amende de plusieurs milliers d’euros.
Par la présente lettre, nous demandons à la présidence de l’université d’une part de retirer la plainte à l’encontre des étudiant.e.s et, d’autre part, de mettre un terme à la gestion répressive de la crise.
Premièrement, ces étudiant.e.s agissent par tristesse, révolte et souci de justice sociale. Ils et elles sont sous le choc d’un événement traumatique - l’immolation d’un de leurs camarades. Ils et elles sont révolté.e.s contre leurs conditions matérielles de vie et le caractère massif de la précarité chez les étudiant.e.s. Ils et elles sont animé.e.s par des valeurs de justice sociale et croient en la possibilité de changer les choses par l’action collective. Pour cela, ils et elles usent du répertoire protestataire, dont les perturbations de réunions constituent une forme presque routinière.
Ce faisant, les étudiant.e.s ne souhaitent rien d’autre qu’être entendu.e.s et obtenir une réponse concrète et urgente à leurs préoccupations matérielles.
Deuxièmement, ces étudiant.e.s s’appuient, entre autres, sur des ressources conférées par l’université : les enseignements sur les inégalités, les conflits et les violences d’État, ou encore les mouvements sociaux. Alors même qu’ils et elles appréhendent l’université comme un espace d’émancipation, ils et elles voient l’institution se retourner, de manière brutale, contre eux et elles.
Ces poursuites pénales de la part de l’institution universitaire, investie de valeurs fortes telles que la liberté d’expression, le développement de la curiosité intellectuelle et de l’esprit critique, génèrent des désillusions chez des jeunes déjà fragilisé.e.s par la précarité et la grande incertitude quant à leur avenir professionnel.
Enfin, en accentuant la défiance envers l’institution universitaire, ces poursuites pénales, quelle qu’en soit l’issue, en éloignent physiquement et symboliquement les étudiant.e.s, favorisant des ruptures et des décrochages scolaires. La sanction pénale a des conséquences lourdes sur les parcours scolaires et biographiques des étudiant.e.s. Fournir l’attestation d’un casier judiciaire « vierge » est une condition pour postuler aux concours de la fonction publique, lesquels constituent l’une des rares voies de professionnalisation des étudiant.e.s en sciences humaines et sociales (filières des étudiant.e.s concerné.e.s). Les sanctions pénales risquent ainsi de compromettre durablement l’insertion sociale de ces étudiant.e.s, pour lesquels les débouchés professionnels sont déjà particulièrement restreints. Elles risquent, en définitive, d’accentuer la précarisation de ces étudiant.e.s, alors même qu’ils et elles se mobilisent contre des conditions matérielles de vie déjà détériorées. Les poursuites judiciaires fragilisent leur santé psychique, déjà mise à mal.
Pour toutes ces raisons, nous demandons à Madame Nathalie Dompnier de retirer sa plainte à l’encontre des étudiant.e.s.
Au-delà, nous lui demandons de s'engager à ne plus solliciter les "forces de l'ordre" et de faire cesser les interventions policières sur les campus.
En trois semaines, l’équipe présidentielle a fait intervenir à plusieurs reprises les forces de police contre des étudiant.e.s, mobilisé.e.s ou non, alors même qu’aucun élément n’accrédite à ce jour la réalité d’une mise en danger quelconque des personnels et des étudiant·e·s.
• Mercredi 13 novembre 2019, au début de l’occupation du campus de Bron par les étudiant·e·s mobilisé·e·s, trois policiers ont pu pénétrer sur le campus avec l’aval de l’équipe présidentielle et ont pu photographier celle.ux-ci. Vers 20h30, des dizaines de CRS et de membres de la brigade anti-criminalité (BAC), sont entré.e.s pour déloger les étudiant.e.s, pacifiques, qui discutaient des façons de s’organiser et d’agir collectivement.
• Dans la journée du 14 novembre 2019 sur le campus des Berges du Rhône, une étudiante a été interpellée par la police après avoir été malmenée lors du contrôle de son identité par des agents de sécurité.
• Le vendredi 22 novembre , une quarantaine de CRS ont fait irruption sur le campus des berges du Rhône (intervention détaillée plus haut).
• Signe, s’il en faut, de la normalisation des interventions policières dans notre université : mercredi 27 novembre après-midi, deux policiers sont entrés sur le campus de Bron pour interpeller deux mineurs dont le « délit » est d’avoir « volé » des sucreries dans un distributeur automatique. Ils ont été conduits hors de l’université par les policiers, escortés d’agents de sécurité.
Les interventions policières récurrentes se conjuguent en effet avec le recours croissant aux agents de sécurité, dans une gestion autoritaire, où les contrôles et la menace du recours à la violence physique s'étendent. Le lundi 18 novembre entre 18 et 20 heures , les agents de sécurité ont contraint tou.te.s les étudiant.es et le personnel du bâtiment H du campus de Bron à quitter le bâtiment, pour mettre fin à l’occupation pacifique d’un seul amphithéâtre par des étudiant.es mobilisé.e.s. Un mouvement de foule et de panique s’en est suivi ainsi qu’une montée des tensions entre des agents de la sécurité et des étudiant.e.s - pas nécessairement mobilisé.e.s - qui ont failli produire un incident grave à proximité d’un portail du campus universitaire.
Si cette approche sécuritaire n’est pas nouvelle, elle connaît une application de plus en plus extensive. Invoquée au nom de la protection des biens et des personnes, elle a systématiquement été utilisée contre des étudiant.e.s pacifiques. Les interventions policières instaurent un climat de tension et éloignent des étudiant.e.s, mobilisé.e.s mais pas seulement, de l’université. L’irruption, au sein de l’université, de policier.e.s détenant des armes est insoutenable pour beaucoup d’étudiant.e.s. Notre université compte, en effet, de nombreux.ses étudiant.e.s issu.e.s des banlieues populaires où les humiliations policières sont quotidiennes, et qui ont en mémoire les violences policières ayant conduit à la mort d’autres jeunes. Elle compte aussi de nombreux.ses étudiant.e.s exilé.e.s, qui ont fui des régimes autoritaires ou des guerres. La présence de policier.e.s dans l’enceinte de l’université constitue un danger pour ces étudiant.e.s dont certain.e.s sont en attente d’un titre de séjour et peuvent, lors d’un contrôle d’identité, être déféré.e.s en centre de rétention. Le recours aux forces de police expose, plus globalement, l’ensemble des étudiant.e.s à des risques intolérables, plusieurs organisations, nationales et internationales, ayant pointé l’usage disproportionné de la violence par les policier.e.s, les mutilations et les blessures irréversibles provoquées par leurs armes[1].
[1] Droits de l’Homme, 6 mars 2019, « Michelle Bachelet inquiète de la répression des manifestations au Venezuela, au Soudan et en France », Onu Info. https://news.un.org/fr/story/2019/03/1037951
Amnesty International, 14 décembre 2018, « France : usage excessif de la force lors des manifestations des gilets jaunes ». https://www.amnesty.be/infos/actualites/violencespolicieresfrance?lang=fr
Défenseur des droits, décembre 2017, « Le maintien de l’ordre au regard des règles de déontologie ». http://www.assemblee-nationale.fr/presidence/Rapport-MO-09-01-18.pdf
Aurore Chauvin, Jean-Louis Bourges, Jean-François Korobelnik, Michel Paques, Pierre Lebranchu, Frederic Villeroy et al., 2 novembre 2019,“Ocular injuries caused by less-lethal weapons in France” in The Lance t, Volume 394. DOI: https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)31807-0
Post-scriptum :
Au moment où nous écrivons cette pétition, la présidence de l’Université Lyon 2 a, de nouveau, fait intervenir les forces de l’ordre contre des étudiant.e.s mobilisé.e.s. Ces interventions ont généré de nombreuses blessures chez des étudiant.e.s, dont certaines sont recensées dans ce post que nous relayons ici : https://www.facebook.com/pg/LumiereCommuneLyon2/photos/?tab=album&album_id=592374564846783
Signataires (par ordre alphabétique) :
Brice Angrand, doctorant et ATER, science politique
Léonard Armagnat, étudiant vacataire, moniteur informatique
Romain Bertrand, doctorant et enseignant vacataire, anthropologie
Julien Bondaz, maître de conférences, anthropologie
Marlène Bouvet, doctorante et ATER, sociologie
Mélodie Breton-Grangeat, docteure et ATER, science politique
Marine Canavese, doctorante et enseignante vacataire, sociologie
Camille Chanel, étudiante vacataire, monitrice informatique
Jeanne Charneau, étudiante vacataire, monitrice informatique
Camille Cordier, doctorante et enseignante contractuelle, histoire
Sophie Coudray, docteure et enseignante vacataire, arts du spectacle
Adrian Debord, enseignant vacataire, sociologie
Florian Esteve, étudiant vacataire, moniteur informatique
Sylvia Faure, professeure, sociologie
Anaïs Garestier, enseignante vacataire, science politique
Irène Gimenez, doctorante et ATER, histoire
Julien Guigue, étudiant vacataire, moniteur informatique
Nariman Hammami, étudiante vacataire, monitrice informatique
Abir Kréfa, maîtresse de conférences, sociologie
Stéphanie Kunert, maîtresse de conférences, sciences de l'information et de la communication
Lucie Laplace, enseignante-vacataire, science politique et sociologie
Valentin Lamant, étudiant vacataire, moniteur informatique
Julie Leblanc, doctorante et ATER, anthropologie
Maxime Lemaitre, doctorant contractuel, sociologie
Simon Lévy, doctorant et enseignant vacataire, science politique
Hélène Marques, doctorante et enseignante vacataire, science politique
Valentine Mercier, doctorante et enseignante contractuelle, histoire
Pascale-Marie Milan, docteure et ATER, anthropologie
Yves Mirman, docteur et enseignant vacataire, science politique
Sylvie Monchatre, professeure, sociologie
Selim Nadi, docteur, ATER en science politique et chercheur invité à l'Université d'Oxford
Elsa Neuville, doctorante et enseignante contractuelle, histoire
Clara Paraboa, doctorante et enseignante vacataire, anthropologie
Bastien Pereira Besteiro, doctorant et ATER, sociologie
Gabriel Perez, doctorant et enseignant vacataire, études théâtrales
Eiddy Randriamanantsoa, étudiante vacataire, monitrice informatique
Jeanne Robert, doctorante et enseignante vacataire, anthropologie
Pauline Rousseau, doctorante, études théâtrales
Aude Royet, vacataire enseignante, science politique
Laurine Thizy, doctorante et ATER, sociologie
Lucia Valdivia, doctorante et enseignante-vacataire, science politique
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